Présentation
 
Floriane Tissières promène sur le monde d’aujourd’hui et sur nos rapports à celui d’hier un regard de malice narquoise et tendre. Tout est susceptible de capter son attention aiguë aux petits riens du quotidien ordinaire. Rien n’est jamais trop banal ni trop dérisoire pour ne pas l’intriguer et lui souffler des associations d’idées et d’images, des sens cachés ou seconds, des dérives ironiques ou poétiques. Pas même –ou plutôt surtout pas- les déchets du présent, les emballages perdus, les vieux magazines, les images oubliées qu’elle transfigure pour leur donner, loin de toute mièvrerie décorative, une forme de préciosité inattendue et subtile.
Elle se fait tour à tour collectionneuse de brimborions, de clins d’œil et autres ambiguïtés et paradoxes ; archéologue de tout et n’importe quoi, de l’antiquité jusqu’à tout à l’heure ; metteuse en scène virtuose pour diffracter, multiplier et faire ricocher lumières et regards ; chasseuse de crocodiles gonflables débonnaires ; architecte bâtissant des villes et des temples utopistes en boîtes de chocolat, cartons à œufs et moules à flan….
Sous la diversité foisonnante et inventive de ses peintures, collages, photographies, objets et installations, des constantes se dessinent, une cohérence profonde se fait jour, qui relève d’une manière d’être au monde à la fois décomplexée et empathique, d’un certain nombre de gestes délicats, sensibles et souvent décalés, et de quelques fantasmes récurrents ou icônes personnelles (les temples grecs, les colonnes doriques, les bribes et fragments, les jeux traditionnels, les dédoublements de regard, les jeux de miroirs…). Jouant d’appropriation et de détournement, elle récupère, recycle, sédimente, fossilise, zappe, hybride et mixe les époques, les genres et les sujets pour donner une seconde chance et une nouvelle vie aux images et aux objets familiers. Entre la solennité antique et l’overdose imagière d’aujourd’hui, le tragique et le sourire, le grave et le kitsch, le cocasse et le poétique !

Françoise Jaunin
2009